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Diplomatie urbaine


Los Angeles



Structure politique

La structure politique de la ville de Los Angeles est définie dans la loi/charte/constitution...


Système politique



Compétences principales

  • Municipalité locale à charte (Charter City) : La section 5 de l'article XI de la constitution de la Californie prévoit que les municipalités à charte ont le pouvoir de créer et de mettre en oeuvre tout règlement qui concerne les « affaires municipales ». La même section énumère quelques exemples d'affaires municipales prises en charge par les municipalités à charte :

    1. Constitution, regulation, and government of the city police force ;
    2. Sub government in all or part of the city ;
    3. Conduct of city elections ; [and]
    4. Provision for the election, appointment, and compensation of municipal of officers and employees.

    (California Debt and Investment Advisory Commission, 2023)
    Cette liste est toutefois non-exhaustive puisque le concept même « d'affaires municipales » est fluide et n'est pas défini explicitement. Certains pouvoirs ont toutefois été amenés à être considérés comme des affaires municipales :

    1. Taxation for local purposes, apart from taxation of banks and insurance companies and other areas for which the state has developed a comprehensive taxation scheme (voir Weekes v. City of Oakland, 21 Cal. 3d 386, 1978) ;
    2. Formation of assessment districts and assessment procedures (subject to constitutional limitations) ;
    3. Land use and zoning (with certain exceptions) ;
    4. Budgeting and expenditure of tax receipts ; [and]
    5. Public contracting requirements (with certain exceptions).

    (California Debt and Investment Advisory Commission 2023)
    Dans le cas de Los Angeles, la charte de la ville précise les pouvoirs de la localité en une seule phrase. Les restrictions mentionnées dans ce passage sont ensuite énumérées à la section 104 :

    City of Los Angeles shall have all powers possible for a charter City to have under the constitution and laws of this state as fully and completely as though they were specifically enumerated in the Charter, subject only to the limitations contained in the Charter (The City of Los Angeles 2023, art. 1, sec. 101).
  • Comté à charte (Charter County) : La Californie est un État qui suit la règle juridique du Home Rule en ce qui a trait aux comtés à charte (tel que le comté de Los Angeles), c'est-à-dire que l'État délègue certaine responsabilités et accorde une autonomie à ces unités administratives locales. Cette doctrine s'oppose à la Dillon's Rule.

    General law counties adhere to state law as to the number and duties of county elected officials. Charter counties, on the other hand, have a limited degree of “home rule” authority that may provide for the election, compensation, terms, removal, and salary of the governing board; for the election or appointment (except the sheriff, district attorney, and assessor who must be elected), compensation, terms, and removal of all county officers; for the powers and duties of all officers; and for consolidation and segregation of county offices. A charter does not give county officials extra authority over local regulations, revenue-raising abilities, budgetary decisions, or intergovernmental relations (California State Association of Counties 2014).
    La constitution de la Californie autorise donc les comtés à charte à mettre en oeuvre des ordonnances locales, si celles-ci n'entrent pas en conflit avec les lois fédérales et celles de l'État de la Californie. En ce qui concerne les pouvoirs des comtés en Californie :

    The role of county government, as a political subdivision of the state, is to deliver the services mandated by the state and federal governments, for instance, health, welfare, criminal justice, elections, recording of documents, weights & measures, and agricultural enforcement. Each county is governed by a five-member Board of Supervisors that sets policy, enacts ordinances and regulations, and oversees activities of county departments (Georgetown Law Library 2023).


Administration publique



Cadre diplomatique

Le terme « relations internationales », ou « affaires mondiales », est utilisé dans les structures officielles (International Affairs en anglais).


Causes principales

  • La mondialisation favorisant la compétition, le désir d'attractivité et le coût de l'isolement (exportations, investissements directs étrangers, tourisme, etc.) ;
  • les États-Unis sont une fédération décentralisée ;
  • les efforts insuffisants du gouvernement central dans plusieurs secteurs, particulièrement en environnement ;
  • l'étalement urbain et ses conséquences sur l'aménagement du territoire et l'environnement ;
  • les caractéristiques personnelles ou professionnelles de leadeurs importants provenant de plusieurs partis politiques ;
  • le développement des institutions en lien avec les relations internationales subétatiques ; et
  • un capital économique et culturel particulier en lien avec le territoire de la ville.


Motifs principaux

  • Amélioration des services : motifs politiques (C1), économiques (C2) et culturels (C3).

  • Autres motifs :
    • Bénéficier de canaux de communication et diplomatiques indépendants et distincts de ceux nationaux afin d'améliorer la qualité de vie de la population locale. Nina Hachigian, nommée toute première Deputy Mayor of International Affairs à la ville de Los Angeles en 2017 (la seule dans toutes les États-Unis à ce moment), illustre bien cette position :

      I've found in my transition to municipal government that I still interact with diplomats all the time, negotiate the texts of agreements, and attend meetings between heads of state and my principal. The difference is the immediacy of the results, which is gratifying, and the aim to deliver to the people in just a single metropolis. There is freedom in that focus: We can have a productive relationship with foreign counterparts even when tensions arise at the national level, and we can engage all kinds of local partners, such as diaspora communities, businesses, nonprofits, and artists, to help us execute our initiatives (Hachigian 2019).
    • Maintenir ou améliorer sa position dans la hiérarchie des villes mondiales (Ketring 2019).

    • Contribuer à la lutte globale contre le changement climatique, parfois même en contrevenant aux objectifs et engagements nationaux. Lors du retrait de Donald Trump de l'Accord de Paris en 2017, le maire de l'époque Eric Garcetti a été un leadeur important du mouvement qui vise à engager les villes à respecter l'accord sur leur territoire (Halper 2017). La journée même de l'annonce du retrait par Trump, le 1er juin 2017, un total de 407 maires signent un communiqué conjoint sous l'égide du réseau Climate Mayors :

      The President's denial of global warming is getting a cold reception from America's cities.

      As 407 US Mayors representing 70 million Americans, we will adopt, honor, and uphold the commitments to the goals enshrined in the Paris Agreement. We will intensify efforts to meet each of our cities' current climate goals, push for new action to meet the 1.5 degrees Celsius target, and work together to create a 21st century clean energy economy.

      We will continue to lead. We are increasing investments in renewable energy and energy efficiency. We will buy and create more demand for electric cars and trucks. We will increase our efforts to cut greenhouse gas emissions, create a clean energy economy, and stand for environmental justice. And if the President wants to break the promises made to our allies enshrined in the historic Paris Agreement, we'll build and strengthen relationships around the world to protect the planet from devastating climate risks.

      The world cannot wait — and neither will we. (Climate Mayors 2017).
    • Avec plus d'un million d'habitants à descendance mexicaine sur le territoire de Los Angeles, le partage culturel avec la ville de Mexico (et le Mexique plus généralement) est un élément fondamental des relations internationales de la ville (Secrétariat des relations internationales du Mexique 2018 ; Pacific Council on International Policy 2019 ; Lara 2019).


Institutionnalisation

  • Unité administrative dédiée (D1) : Bureau du maire pour les relations internationales (Mayor's Office for International Affairs).
    • Relève du maire adjoint pour les relations internationales (Deputy Mayor for International Affairs) qui dirige une équipe composée de sept personnes employées.
    • Mission transversale : « [...] responsible for translating international trade and investment, city diplomacy, consular affairs, international engagement, protocol, and major international events into equitable and enduring benefits for Angelenos » (Bromaghim 2023 [LinkedIn]).

  • Bureau·x permanent·s à l'étranger (D2) :
    • Aucune donnée ouverte fiable n'a été trouvée à ce sujet.

  • Missions à l'international (D3) :
    • Eric Garcetti, le maire précédant Karen Bass, effectue sa toute première mission internationale à la ville de Mexico en 2014, accompagné d'une foule d'acteurs économiques et politiques tels que des gestionnaires des départements reliés aux ports, aux aéroports et au tourisme, ainsi que des représentants de la chambre de commerce de la région de Los Angeles (Finnegan 2014).
    • Garcetti participe également à une mission en Asie, s'arrêtant notamment à Jakarta (Indonésie) et à Tokyo (Japon). En plus d'une participation au sommet international des maires Urban20, cette missions a pour objectif de promouvoir la lutte contre le changement climatique (City News Service 2022).
    • Karen Bass semble plus tournée vers l'interne jusqu'à présent dans son mandat. Il faut dire qu'elle hérite d'une ville en crise du logement, d'itinérance, d'accessibilité et d'inclusion (Olen 2022 ; Thebault 2022 ; Reston 2022).

  • Forums, conférences et évènements (D4) :
    • Aucune donnée ouverte fiable n'a été trouvée à ce sujet.

  • Participation aux délégations officielles des autres paliers de gouvernement (D5) :
    • Aucune donnée ouverte fiable n'a été trouvée à ce sujet.


Orientation stratégique

  • Aucune orientation stratégique concernant l'encadrement des relations internationales de la ville n'a été trouvée. Cela n'est pas surprenant considérant la faible institutionnalisation de la diplomatie subétatique aux États-Unis et la réticence du gouvernement fédéral à tolérer les actions des États qui contreviennent à son exclusivité dans la tenue des relations internationales.


Bases légales

Aux États-Unis, il est couramment entendu que, selon la Constitution, l'administration des relations internationales est un pouvoir exclusif du gouvernement fédéral. L'article 1, section 10 de la Constitution contient cependant une forme d'ambiguïté, particulièrement entre la clause 1 et la clause 3. Alors que la Clause 1 interdit aux États de former des traités, des alliances ou une confédération (Treaty, Alliance, or Confederation), la Clause 3 leur permet de s'engager dans des accords ou des pactes (Agreement or Compact), seulement si ces derniers sont approuvés par le Congrès (Congressional Research Service 2022, p. 1). Il n'existe toutefois aucune manière de savoir réellement comment les rédacteurs de la Constitution différenciaient ces concepts (Supreme Court of the United States 1840, p. 572-573). D'un autre côté, les villes et les États s'engagent dans des relations internationales depuis un long moment déjà et le Congrès ne semble avoir approuvé formellement qu'une infime quantité d'initiatives (Hollis 2008, p. 1078).

D'autres clauses viennent également limiter les pouvoirs d'action des gouvernements subétatiques sur la scène internationale. Le pouvoir de préemption du gouvernement fédéral permet, notamment en cas de conflit entre une loi d'État et une loi fédérale (conflict preemption), d'invalider complètement ou de remplacer une loi d'État (Congressional Research Service 2022, p. 3). Dans le cas du commerce international, la Dormant Commerce Clause vient restreindre la possibilité des États de mettre en oeuvre des mesures (surtout protectionnistes) qui s'appliqueraient seulement aux biens étrangers. Pour que les lois commerciales des États soient permises, elles doivent d'appliquer également aux biens produits localement et à ceux provenant d'autres États américains, par exemple (Congressional Research Service 2022, p. 3-4 ; The Wikimedia Foundation 2023).

Finalement, la jurisprudence américaine semble avoir convergé vers l'identification d'un champs des relations internationales (field of foreign affairs) qui serait exclusif au gouvernement fédéral. Cette ultime clause permet, même en l'absence claire d'un conflit avec une politique fédérale (field preemption), d'invalider toute loi d'État qui implique des relations internationales, mais qui ne viserait pas directement à adresser les responsabilités traditionnelles des États. Mais, à l'image de la doctrine Gérin-Lajoie au Québec, il semble y avoir une petite ouverture pour la tenue de relations internationales qui ne viseraient qu'à exercer des compétences traditionnellement régionales. En effet, la Cour suprême américaine précise la dynamique entre les deux doctrines de préemption mentionnées précédemment comme suit :

The two positions [conflict preemption and field preemption] can be seen as complementary. If a State were simply to take a position on a matter of foreign policy with no serious claim to be addressing a traditional state responsibility, field preemption might be the appropriate doctrine, whether the National Government had acted and, if it had, without reference to the degree of any conflict, the principle having been established that the Constitution entrusts foreign policy exclusively to the National Government. Where, however, a State has acted within what Justice Harlan called its “traditional competence,” but in a way that affects foreign relations, it might make good sense to require a conflict, of a clarity or substantiality that would vary with the strength or the traditional importance of the state concern asserted (United States District Court for the Central District of California 2012, p. 2020-2021).

Réseaux internes

Les liens diplomatiques internes de Los Angeles ne semblent pas être coordonnés aux niveaux régional et national via des réseaux. Toutefois, le Département d'État a nommé Nina Hachigian à titre de représentante spéciale pour la diplomatie des villes et des États en octobre 2022, supposant que certaines infrastructures seront mises en oeuvre afin d'améliorer l'interconnectivité entre les gouvernements subétatiques des États-Unis (Département d'État des États-Unis ; Département d'État des États-Unis 2023).

Attitude des autres paliers de gouvernement

  • Californie : Avec de nombreuses institutions académiques et des organisations telles que le bureau Carnegie en Californie et le Center on Public Diplomacy de l'Université de Californie du Sud sur son territoire, on pourrait émettre l'hypothèse que le gouvernement régional est favorable à (ou du moins tolère) la diplomatie de ses villes constituantes (Center on Public Diplomacy 2023 ; Carnegie 2023). L'État de la Californie est lui-même assez engagé sur la scène internationale, comme l'exemplifie le marché du carbone de la Western Climate Initiative (Western Climate Initiative, Inc. 2023 ; State of California 2023), la visite d'Ernesto Zedillo en 1999, Président du Mexique à l'époque, ou la participation de représentants de la Californie lors des négociations commerciales internationales de l'Uruguay Round (Schiavon 2019, p. 54).

  • États-Unis : Avec la nomination de Nina Hachigian comme Représentante spéciale pour la diplomatie des villes et des États (relevant du Département d'État) en 2022, on peut supposer que l'administration Biden énonce une volonté claire de collaborer avec les villes et les États en ce qui a trait aux relations internationales (Département d'État des États-Unis 2022 ; Département d'État des États-Unis 2023). Cependant, considérant la faible institutionnalisation de ce soutien, l'attitude du gouvernement central face à la diplomatie des villes pourrait facilement devenir plus restrictive avec un simple changement de gouvernement. Schiavon décrit donc la paradiplomatie comme étant « complémentaire » aux États-Unis, c'est-à-dire qu'il y a peu d'interaction avec la politique étrangère nationale.


Actions internationales

Los Angeles fait partie de 13 réseaux municipaux transnationaux selon le City Networks Membership Dataset de l'Université de Melbourne (Acuto et Leffel 2018). Il s'agit du plus faible niveau d'adhésion parmi les trois cas à l'étude, malgré le fait que la ville de Los Angeles présente le PIB par habitant le plus élevé.

Relations bilatérales



Source : Sister Cities of Los Angeles 2023 et Wikimedia Foundation 2023

Relations multilatérales

La ville de Los Angeles fait partie d'un moins grand nombre de réseaux que les deux autres cas à l'étude. Plusieurs sont des réseaux municipaux transnationaux, mais certains prennent des formes plus complexes dans lesquelles les membres sont composés d'autres acteurs que des villes, parfois même d'autres réseaux. Voici quelques réseaux dont la ville de Los Angeles est membre :

logo C40 Cities logo ICLEI logo GCoM logo GPM logo SCN logo Mayors for Peace logo RCN logo GNACC logo CDR

Source : Geneva Cities Hub 2023

En environnement

  • En 2017, Los Angeles adopte une stratégie de mise en oeuvre localisée des objectifs de développement durable (ODD). Bien que le site web ne semble pas avoir été mis jour depuis 2020 environ, on voit que plusieurs départements ont adopté les ODD dans leur planification stratégique. C'est notamment le cas du L.A.'s Green New Deal - Sustainable City pLAn 2019, un document phare pour le développement de la ville qui relève du Bureau du Maire (Los Angeles Office of the Mayor). Le site contient également une plateforme de distribution des données concernant l'état des indicateurs des 17 ODD dans la ville (avec des cartes).

  • Le Green New Deal, adopté en 2019, engage la ville à 1) électrifier 100 % du transport d'ici 2030, 2) planter 90 000 arbres entre 2019 et 2021, 3) créer 400 000 emplois « verts » d'ici 2050, 4) rediriger 100 % des déchets qui vont vers des sites d'enfouissement d'ici 2050, 5) utiliser 100 % d'énergie renouvelable d'ici 2045, 6) recycler 100 % des eaux usées d'ici 2035, 7) utiliser 70 % d'eau de source locale d'ici 2035 et 8) atteindre le « zéro net » d'ici 2050 (Los Angeles City 2019). Le plan devrait être mis à jour en 2023 si l'on en suit l'objectif de le mettre à jour aux 4 ans.

  • Le Climate Emergency Mobilization Office (CEMO), mis sur pied en 2022, entend connecter les éléments du développement durable de la ville dans une optique de justice et d'équité :

    OUR STORY
    The climate emergency and extreme heat hazards, coupled with the dire impacts on frontline and historically disinvested communities in the City of Los Angeles, inspired the creation of the Climate Emergency Mobilization Office (CEMO). The CEMO, guided by the principles of environmental justice, aligns with LA's Green New Deal and collaborates with City Departments and Bureaus through meaningful engagement with environmental and frontline leaders and their communities to mitigate climate emergencies such as extreme heat.

    [...]

    CORE FUNCTIONS OF OUR OFFICE
    1. Ensure that the City's climate policies have equity as a throughline and are equitably executed.
    2. Facilitate the voices of the Community Assemblies and the Climate Emergency Mobilization Commission.
    3. Innovate governance strategies to lift the voices of communities to shape equitable solutions. This must be the heart of the City's climate strategy!
    4. Coordinate and collaborate with City leaders across various departments to achieve the goals of LA's Green New Deal.
  • Los Angeles est signataire de l'Engagement de Montréal pour la protection de la biodiversité proposé à la suite de la tenue de la 15e Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique (COP15) à Montréal en décembre 2022. Les villes signataires s'engagent à mettre en oeuvre 15 actions tangibles regroupées sous trois axes : 1) réduire les menaces à la biodiversité, 2) partager les bienfaits de la biodiversité et 3) solutions, gouvernance, gestion et éducation (Ville de Montréal 2023).


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